mercredi 19 novembre 2014

Jean Price-Mars 1876-1969

Médecin, diplomate, homme d’état et philosophe

Jean Price-Mars est l’un des plus grands intellectuels de la Perle des Antilles, Haïti. En effet, il fut médecin, ethnographe, diplomate, homme d’état, pédagogue, philosophe et écrivain. Par ses accomplissements sur le plan international, certains spécialistes du panafricanisme le considèrent comme l’homologue francophone de W.E.B. Dubois.


Jean Price-Mars est né le 15 octobre 1876 à la Grande Rivière du Nord. Après avoir terminé ses études primaires,  il commence ses études secondaires au Collège Grégoire du Cap-Haïtien et il les termine en 1895 au Collège Pétion à Port-au-Prince, le même établissement où il enseigna l’histoire et la géographie en 1930. En 1899, il reçoit  une bourse lui permettant d’entamer ses études en médecine. En parallèle, Price-Mars entreprend d’autres études en sciences humaines et sociales à la Sorbonne de Paris.

Peu de temps après, il commence une longue carrière politique et diplomatique, il s’y révèle un grand homme d’état pendant plus de 50 ans. Effectivement, en 1930, il est élu sénateur par le département du Nord. En 1946, il est nommé secrétaire d’État des Relations Extérieures et aux Cultes et secrétaire d’État de l’Éducation nationale. Il a offert ses services en tant qu’ambassadeur d’Haïti à Paris en 1957.

En 1930, Jean Price-Mars s’allie à des intellectuelles de la diaspora d’Afrique et des écrivains de la «Harlem renaissance», un mouvement de la culture afro-américaine qui a grandement contribué au nationalisme culturel d’Afrique. En 1941, il fonde l’institut d’ethnologie d’Haïti, où il sera en charge de l’enseignement de la sociologie et de l’africologie jusqu’en 1947. Il a joué un rôle important dans le développement des sciences sociales en Haïti, créant plusieurs institutions qui ont permis de former des ethnologues et de promouvoir la recherche scientifique. En 1956, Jean Price-Mars est élu président (à l’unanimité) au premier Congrès des écrivains et artistes noirs tenu à Paris. Il est aussi élu président de la Société africaine de culture, un organisme lié à l’Unesco.

Soucieux d’améliorer la situation des Haïtiens, Price-Mars contribue largement à l’étude de la diaspora africaine et au panafricanisme culturel (un mouvement dont le but est d’unifier culturellement et politiquement les peuples africains) : ses travaux concernant plusieurs disciplines telles que l’histoire, l’anthropologie, la pédagogie, la littérature, la sociologie, la  géographie et l’ethnologie. Ses œuvres les plus notables sont La vocation de l’élite (1919), Ainsi parla l’oncle (1928), Une étape de l’évolution haïtienne (1929), Formation ethnique, folklore et culture du peuple haïtien (1929), La République d’Haïti et de la République dominicaine (1953). À cela s’ajoutent une centaine d’articles, de discours et de conférences, donnés en Haïti et à travers le monde.

L’une de ses plus importantes contributions est Ainsi parla l’oncle qui est traduit en plusieurs langues. Cet essai étudie les fondements historiques et folkloriques de la culture haïtienne. Jean Price-Mars soutien que les Haïtiens ne sont pas des «Français colorés», mais bien un peuple qui a un double héritage, à la fois français et africain. Cet essai est aussi écrit dans un contexte historique déterminé, soit l’occupation d’Haïti par les Américains. Cette occupation eue de grandes conséquences sur la société haïtienne. Face à la confusion du peuple haïtien, Jean Price-Mars chercha les principales causes de ce tourment.

Price-Mars est reconnu pour son implication sur le plan international et pour la qualité de ses travaux.  En 1956, à son quatre-vingtième anniversaire, des admirateurs haïtiens et étrangers lui consacrèrent un livre en hommage. En 1959, l’Académie Française lui remit un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. En 1966, il fut le premier lauréat du Prix littéraire des Caraïbes. De plus, il est médaillé à titre de commandeur de la Légion d’honneur. Jean Price-Mars meurt le premier mars 1969 à Pétionville. Le gouvernement de François Duvalier organisa en son honneur des funérailles nationales.

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